Le Bon Léviathan
Boulle, PierreOr, cette créature infernale se révèle doublement bienfaisante : d’abord, de par certaines vertus insoupçonnables de la désintégration atomique, ensuite a cause d’une propriété imprévue du poison visqueux qu’elle renferme en ses flancs.
Que les écologistes humbles et sincères me pardonnent ! Ce livre ne s’en prend qu’a ceux qui pratiquent le culte aveugle et immodéré de la mode et qui, surtout, sont incapables de concevoir une possible relativité du Bien et du Mal. Cette relativité est, je le crois, le thème que j’ai tenté d’illustrer dans la plupart de mes romans et de mes nouvelles. Je m’en aperçois aujourd’hui seulement. Il m’aura fallu vingt-cinq ans pour atteindre ce degré de lucidité.Autour du Gargantua (personnage principal) s’agitent, c’est inévitable, quelques humains. Je dirai simplement un mot de Mme Bach. Comme la plupart des héroïnes qui figurent dans mes derniers romans, celle-ci n’est guère féminine : c’est un cerveau. Sans doute faut-il voir là l’intérêt soutenu que j’ai toujours porté aux caractères exceptionnels.
Pierre Boulle.